Cascate di Kerka
"Amis lecteurs, on vous dira, comme à nous: «Allez aux chutes de la Kerka. Ne manquez pas les chutes de Kerka. Huit chutes d'eau de 40 mètres de haut et de 100 mètres de large tombent sur des îlots boisés au fond de gorges impressionantes».
Eh bien, regardez-y à deux fois. Non que la promenade en mer ne soit charmante, de Shibenik à la dernière cascade, mais elle est un peu longue, et puis vous avez entendu ailleurs, n'est-ce pas? Des masses d'eau en bouillonnements blancs, en jaillissements électriques accompagner leur fureur d'un fracas de damnation. Nos photos de l'excursion nous conservent la vision de jolis points de vue dans le fiord de Shibenik […].
Si la marche au grand soleil qu'il a fallu faire pour grimper à la dernière cascade n'a pas été trop pénible, c'est qu'un concert champêtre l'agrémentait. Cinq petits paysans en haillons jouaient des instruments rustiques, des flûtes de roseau et une sorte de cornemuse en peau de bouc à un chalumeau, comme l'ascaule des Grecs. Le bruit de la cascade formait à la mince mélodie un accompagnement d'une seule tenue profonde et continue. «C'était la voix des flots qui se parlaient entre eux», aurait dit Victor Hugo, cependant que la voix des hommes s'essayait faiblement dans la musiquette des petits pâtres.
Après tout, amis lecteurs, pourquoi n'iriez-vous pas aux chutes romantiques de la Kerka?" (pp. 32-34).