Sebenico
"A sept heures du matin, nous sommes à Shibenik. Celle-ci a 16.000 habitants. Elle s'ouvre joliment, comme un éventail blanc sur la mer, devant l'écran sombre que forme un des derniers contreforts des Alpes dinariques. […].
Une bonne chance nous fait aborder la cathédrale par son côté le moins attendu: ses trois absides de pierre que ceinture, un peu plus qu'à hauteur d'homme, un bandeau d'où se détachent en relief soixante et onze têtes humains. […]. Il y a là des Slaves, des Turcs, des Hongrois, des Italiens, des Grecs. Pas de grands seigneurs; des hommes du peuple. Peu de femmes. […]. Quelles vieilles rancunes, quelles querelles de races se poursuivent là séculairement entre les vivantes têtes de pierre de la terrible assemblée immobile?" (pp. 27-30).
"— Mais qui est donc le savant petit monsieur à basques qui vient de nous quitter? Le commerçant interrogé répond en français, avec un dédain assez comique: — C'est un monsieur local. — Eh bien, mais il est très gentil, ce monsieur local. Les dieux nous en fournissent de pareils devant tous les monuments historiques du voyage! Ce vœu sera exaucé. Avec une parfaite courtoisie, les Yougoslaves s'ingénient partout à rendre aux touristes le voyage plus facile et plus profitable. Puis, dès qu'ils ont donné le renseignement souhaité, ils s'éclipsent et on ne les retrouve qu'en une circonstance analogue, Je n'avais rencontré auparavant ce tact et ce souci d'être utile au voyageur qu'au Portugal" (p. 32).