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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Risano

Risano, au bout de son vallone, elle aussi s’étage sur le flanc abrupt des grands monts, elle aussi mire son amphithéâtre de claires maisons dans le cristal aquatique et fait, au milieu de l'eau sombre, une grande tache blanche. Ses habitants, restés Serbes purs, sont célèbres par leurs habits somptueux et par l’arsenal d’armes terrifiantes qu’ils portent à leur ceinture, malgré la loi autrichienne. Un petit coin d’il y a cinq cents ans, resté tel qu’il était alors. Il faut voir l’air terrible de ces hommes dont la face dure est barrée d’une énorme moustache; sur leurs épaules une riche veste de couleur vive garnie de parements d’or, larges et brodés, autour des reins une ceinture de cuir gaufré aux multiples clous dorés, pantalon à la turque orné de broderies compliquées, les mollets serrés dans des jambières garnies de riches dessins et descendant jusque sur les opankés, ces babouches faites de mille lanières de cuir tressées qui ont la forme de souliers chinois, et sur la tête l’inévitable toque rouge, cette toque si petite à Sebenico et que depuis nous voyons croître de plus en plus, si bien qu’ici, près de la frontière turque, elle a presque atteint les dimensions du fez musulman. Les femmes de Risano ont de fines chemisettes blanches bordées de liserés de couleur aux bras et sur la poitrine, des mouchoirs blancs savamment arrangés sur des coiffures compliquées entremêlées de rubans aux tons vifs et d’ou descend parfois un long voile, l’okronga; elles se parent de nombreux bijoux, colliers de piécettes, bracelets à pendeloques, gros boutons en filigrane, ceintures d’or, d’argent et surtout de cuivre doré” (pp. 185-186).