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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Macarsca

“Nous déjeunâmes en la seule gostiona de Makarska qui nous parût acceptable. Dans une petite salle, basse et enfumée, un capucin se délectait hiératiquement en face d’un poulet rôti. Il était une heure après midi, nous avions une faim de loups, nous pensions faire là un copieux déjeuner. Helas! On ne nous servira rien. Un garçon huileux et dépenaillé nous fait part de ses regrets, mais, paraît-il, les légumes sont finis, les fruits pareillement, nous arrivons trop tard, beaucoup trop tard! Et la viande? La viande! Horreur, c’est aujourd’hui vendredi. Nous l’avions oublié. Mais le capucin, qui tout à l’heure mangeait un poulet? Le capucin maintenant savoure béatement son café, les yeux mi-clos, son regard se pose sur nous narquois. Notre déjeuner se composa de conserves tirées des coffres de la voiture; l’hôtellerie dalmate ne put nous fournir que son vin, car fort heureusement le capucin ne l’avait pas tout bu.

Makarska est une des plus anciennes villes d’Illyrie. […]. Tapie sur un mince liséré de terre entre la mer et la montagne abrupte, elle reçoit sans cesse les rayons solaires que l’une et l’autre se renvoient. Aussi y fait-il très chaud. Nous y subîmes une véritable souffrance de lumière et de chaleur. Avec ses maisons trop blanches, devant la mer resplendissante et sous un ciel implacable, les yeux sont éblouis, aveuglés, cuisants. Quel pays de soleil! Et quel soleil! C’est lui qui calcine ces montagnes, qui en a chassé la végétation; […].

Des bateaux qui font le cabotage viennent aborder au quai; on en voit descendre de curieux types de voyageurs indigènes; déjà quelques musulmans enturbannés. La race des habitants de cette côte est assez belle, les hommes sont grands et forts, les femmes gracieuses, mais tous sont tellement bronzés qu’on dirait presque des nègres” (pp. 126-128).