Busi
“Nous avons choisi surtout Busi avec son joyau incomparable La grotte bleue. Ici je laisse la parole à un éminent compatriote qui raconte d’une façon brève et magistrale à la fois une visite faite à cette merveille de la nature, découverte il y a vingt-cinq ans à peine. (Voir «Visions d’Autriche» le chapitre d’Antoine Sallès pp. 46 et suivantes).
«Les œuvres de la nature présentent souvent une recherche et une perfection d’exécution qui déconcertent. […]. Le roc qui domine l’étroite ouverture donnant accès à l’intérieur de la grotte affecte, dans le contour général de ses lignes, une telle régularité, qu’un architecte n’aurait pas fait mieux. […]. Un couloir si étranglé que nous sommes obligés de nous tapir dans le fond des barques, nous amène sans transition dans une vaste salle pleine d’une clarté mystérieuse, presque surnaturelle, et le spectacle en est si merveilleux, si inattendu, qu’il nous arrache à tous un même cri d’admiration. La lumière qui y pénètre par dessous, tamisée par la couche liquide qui nous porte, comme par un écran de cristal coloré, s’y épand en une buée bleuâtre, ténue comme un vapeur d’encens, légère comme une écharpe de gaze impalpable. […]. Tout est si irréel, dans ce cadre de splendeur digne des Mille et une Nuits, que notre présence y paraît paradoxale, et que nous avons l’impression d’avoir été transportés, par les enchantements d’un génie au sein de quelque pays fabuleux, très loin, dans le temps et dans l’espace, de la civilisation prosaïque où nous vivons».” (pp. 10-12).