Sebenico
“C’est un plaisir d’arriver à Sebenico le matin et de voir la petite ville se présenter avec une modestie agréable, sur la pente où elle est assise. Les quelques monuments de la grande place sont encore parés à l’italienne, mais, dans ce décor emprunté, c’est une autre race qui arrive timidement à la mer. Cette race est silencieuse. On rencontre des femmes blondes au long regard, des paysans taciturnes coiffés d’une petite calotte orange, avec deux rangs de gros boutons d’argent sur leurs gilets bleus. On sent qu’on est passé des peuples qui parlent aux peuples qui rêvent.
Cette côte âpre et aride n’est belle à voir, l’ete, que dans la légèreté de l’aurore, quand elle est toute tendue de rose. Ensuite le soleil l’assomme et il faut attendre jusqu’au soir, pour voir renaître les rares détails dont elle est semée, un cyprès, un clocher au bord de l’eau” (p. 58).