Zara

“Zara est une miette d’Italie, au bord d’une terre étrangère. Par un chaud après-midi je suis la longue rue droite qui partage la ville. Dans un étalage une serviette, brodée de rouge et de bleu par quelque paysanne de l’intérieur, mord de ses couleurs vives les choses banales jetées autour d’elle. L’art de ce pays n’est fait que d'échos: devant la cathédrale on se souvient de Pise; dans l’église ronde de Saint-Donat on se rappelle Ravenne. J’ai vu la porte de terre ferme et les cinq puits cour à arcades. De l’autre côté de l’Adriatique, en Italie, on ne se dérangerait pas pour si peu; ici, sur la côte pauvre, on ne fait fi de rien. C’est à Zara que résidait le provéditeur de Venise. Le bizarre et charmant Carlo Gozzi a raconté dans ses Mémoires comment, tout jeune, il y fut amené par l’un d’eux qui le protégeait et son récit est plein de détails curieux” (p. 51).