Salona

“Salone étoit une Ville fameuse dans l’Antiquité, mais nous n’y trouvâmes que des masures, & il n’y a plus qu’une Eglise avec quatre ou cinq Moulins. Les Villes perissent aussi bien que les hommes. Elle étoit dans une belle plaine à deux milles de la montagne Morlaque qu’elle avoit au Nord, & s’étendoit jusques à un petit golfe qui étoit son Port, dans lequel va tomber la petite riviere qui passe au milieu, & où l’on pêche les truites. Elle est dans une égale distance de Clissa & de Spalatro, c’est-à-dire, environ à quatre milles de l’une & de l’autre. Elle pouvoit avoir huit à neuf milles de tour, mais ceux du pays en disent davantage. 

Nous étions quatre de compagnie, & nous avions autant de voiturins à pied, qui étoient quatre Morlaques, & bien qu’ils fussent d’un regard terrible & tels que j’ay depeint plus haut ceux de cette Nation, nous en fûmes pourtant assez bien servis, & on auroit de la peine en nos quartiers à trouver de plus honnêtes gens de cette profession. Ils nous menerent voir parmi ces ruines un trou qu’ils disoient être le sepulchre de S. Domne premier Evôque de Salone & disciple de S. Pierre, & prés de là deux autres sepulchres de S. Anastase & de S. Rainier Prelats du même lieu. Le chemin qui va delà à Clissa portoit anciennement le nom de via Gabiniana, comme je l’appris par une inscription antique” (pp. 106-108).