IT | EN

Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Cattaro

“La position de Cattaro a toute la sévérité de son rôle de place forte; elle n’occupe qu’un étroit rivage, derrière lequel s’élèvent des montagnes inaccessibles. Sur la hauteur la plus rapprochée, on distingue la forteresse, et immédiatement au-dessus de celle-ci les pics du Monténégro. La ville elle-même est petite; du reste, elle est restreinte par le terrain autant que par les murs d’enceinte. Quoique assez bien bâtie dans le style vénitien, elle est un peu sombre; le soleil ne paraît que bien tard au-dessus des hautes montagnes qui partout bornent l’horizon, et ses rayons pénètrent difficilement dans les rues étroites et dallées, qui ressemblent à des corridors obscurs. Les chevaux ne circulent pas dans l’intérieur, et le marché ou bazar se tient hors des portes, deux ou trois fois par semaine; il est plein d’animation, car les Monténégrins y accourent avec tous leurs produits; et malgré tout ce que l’on a dit de la pauvreté de ces montagnards et de la stérilité de leur pays, le fait est qu’ils sont les principaux fournisseurs de Cattaro et de ses environs (p. 22).

On n’a pas plus tôt traversé le pont-levis de Cattaro que l’on se trouve sur le chemin taillé en zigzag qui gravit la montagne escarpée, forteresse de l’indépendance monténégrine et terreur des paisibles habitants du canal. Lors de notre départ, les masses de rochers dont aucune demeure humaine n’interrompt l’âpreté présentaient un tableau très animé. C’était jour de bazar; la route était encombrée de femmes et de mulets chargés de bois, de maïs, de volailles et autres produits pour le marché de Cattaro. Les hommes étaient en minorité et ne portaient aucune charge; leur occupation se borne à recevoir le prix des marchandises. Souvent ils descendaient perpendiculairement pour abréger le chemin, et nous vîmes avec étonnement beaucoup de jeunes femmes ployant sous un fardeau, sauter lestement de rochers en rochers, tout en tricotant pour ne pas perdre de temps.

Quoique rapide, le commencement de la montée est assez facile et bien entretenu; mais à quelque distance au-dessus du fort, une différence sensible avertit le voyageur et son cheval qu’ils ont passé la frontière. A mesure que l’on monte, un magnifique panorama se déroule devant les jeux: il embrasse à la fois le canal de Cattaro avec ses découpures bizarres, la mer au loin, sur laquelle les montagnes de la côte se dessinent en hardi relief; chaque angle de la route ajoute un coup de pinceau à ce tableau; tantôt on aperçoit le chemin de Budua sortant d’un étroit vallon, tantôt il est masqué par quelque saillie de rocher (pp. 23-24)”.