Dobrota
“Dobrota est une petite ville qui s’étend le long du rivage, au pied des rochers monténégrins, car la frontière se trouve en deçà du sommet de la montagne; une ligne de petits palais vénitiens, bâtis sur le bord de l’eau, étale imprudemment ses richesses aux yeux de l’avide montagnard, qui de son nid d’aigle guette le moment faborable pour piller et incendier. Ajoutez encore la circonstance aggravante que la population de Dobrota est exclusivement catholique, ce qui, pour le Monténégrin, équivaut à musulman. Aussi ce village est souvent la scène de drames sanglants, et de tristes ruines noircies par la fumée s’élèvent à côté de belles demeures; le propiétaire assez heureux pour sauver quelque chose rebâtit sa maison, en l’entourant d’un mur élevé percé d’ouvertures assez grandes pour appuyer un fusil. Derrière ce rempart, il se défend à outrance, et dans ces moments suprêmes les Bocchese (femmes des Bouches du Cattaro) font souvent preuve d’un courage héroïque. […]. Ces attaques nocturnes ont souvent lieu dans les villages près de la frontière, et malheureusement elles ne sont pas toujours si vigoureusement repoussées, car les Monténégrins savent parfaitement profiter de l’absence du père ou du mari pour exécuter leurs criminelles et ténébreuses entreprises (pp. 22-23)”.