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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Salona

“Après avoir admiré, à notre loisir, toutes les merveilles de la nouvelle ville, nous nous dirigeâmes vers l’ancienne capitale latine, la vieille et célèbre Salona. […]. Salona était située dans une belle campagne, à l’embouchure du Jadero, petite rivière qui sort spontanément d’une ouverture dans la montagne Mossor. Ce torrent était renommé par l’excellence de ses truites, et Fortis énonce très sérieusement l’opinion que cette circostance entrait pour beaucoup dans la résolution prise par Dioclétien d’abandonner le trône. […].

Une belle route conduit au village qui a hérité du nom et des débris de son illustre devancière; car les excavations ne sont, au point de vue des habitants, qu’autant de carrières qui leur fournissent des pierres toutes taillées. Aussi, la moderne Salona présente un singulier coup d'œil. On y voit de beaux blocs de marbre, soutenant l'angle d'un mur d'enclos, ou ornant le dessous d'une fenêtre des dimensions les plus restreintes; des fûts de colonnes, des chapiteaux, des bas-reliefs et des inscriptions sont enclavés d'une manière tantôt bizarre dans les humbles cabanes morlaques. […]. Les ruines, peu éloignées du village sont éparpillées sur une étendue très considérable. Le fossé n'est pas entièrement comblé, et on retrouve encore une bonne partie du mur d'enceinte, dont les fragments peu élevés, garnis d'innombrables tours carrées et triangulaires, peuvent donner une idée exacte du système de défense en usage chez les Romains. Quelques pans de mur, très irrégulièrement bâtis, paraissent avoir été élevés postérieurement sur les fondements primitifs, peut-être à la suite des endommagements causés par Odoacre et Totila. On retrouve encore la forme elliptique de l'amphithéâtre, dont quelques arcs restent debout. Parmi les ruines les plus intéressantes, on peut citer les Thermes. Quoique les fouilles aient été faites incomplétement, on reconnaît la distribution des salles, et une partie des conduits reste intacte, ainsi qu'une fort belle mosaïque, que l'on a dû recouvrir d'un pied de terre pour la protéger contre la rapacité des villageois.

Les anciens écrivains nous donnent peu de détails sur les principaux édifices qui exstaient à Salona. Nous savons qu'il y avait un temple de Jupiter, bien qu'on ne puisse en indiquer la position; peut-être que ses colonnes font aujourd'hui l'ornement du clocher de Spalato. La ville contenait aussi une fabrique d'armes, un trésor public et un atelier de teinture, où l'on préparait la pourpre pour l'usage des empereurs. On peut calculer l'importance de Salona par la circostance que, selon Strabon, elle possédait l'unique grand chantier pour navires qui existât à cette époque sur les côtes de la Dalmatie (pp. 15-16)”.