Chistagne
“A peine étions-nous arrivés à Ostrovizza qu’il fallut se remettre en marche pour Kistagne, où l’on s‟arrêta la nuit. L’aspect nocturne d’un camp, une sorte de plan topographique que l’on y remarque et qui, pour ce qui concerne le quartier-général, est toujours le même à toutes les haltes que l‟on fait, l’empressement des soldats à abattre les arbres à mesure que l’on pouvait en découvrir dans un pays aussi inculte, les feux allumés de distance en distance, le mouvement que l’on se donnait de tout côté pour tuer des animaux et cuisiner les viandes, l’ordre et la police que l’on voyait régner dans cette ville éphémère : tout cela ne pouvait qu’amuser quiconque n’avait encore rien vu de semblable, et le distraire un moment des souffrances et des privations qu’il fallait endurer sur un sol dénué de toute ressource. Éveillés par la diane au point du jour, nous montâmes aussitôt à cheval, pour nous rendre à Radossich. On nous fit voir, à moitié chemin, la fameuse cascade de la Kerka qui prend sa source vers le sommet d’une montagne, pour ne s’arrêter qu’au niveau de la mer, où elle va former un lac, au milieu duquel s’élève la petite ville de Scardona” (p.92).