Knin
“Cependant nous n’étions pas fort à notre aise sur le plateau de Pagin, et comme la petite ville de Knin n’était qu’à trois milles de là, nous jugeâmes à propos de nous y réfugier la nuit, qu’il aurait fallu passer, sans cela, à la belle étoile. Cette heureuse idée ne pouvait être exécutée plus à propos ; car à peine étions nous couchés, que le maudit bora commença à souffler avec tant de violence, qu’un tremblement de terre n‟aurait pas inspiré plus de terreur. Un orage affreux se fit entendre pendant toute la nuit; l’eau tombait à verse, et il y eut, à l’armée, des militaires renversés par la foudre. Jamais je ne me suis si bien trouvé d’une vilaine chambre et d‟un petit vilain lit que la plus vilaine et la plus acariâtre des hôtesses fut obligée, malgré elle, de nous donner, sur la présentation de notre billet. On s’occupa le lendemain, pendant et après la bataille, du transport de nos blessés. On les recevait d’abord à l’hôpital de Knin et on évacuait ensuite sur Zara ceux qui pouvaient l‟être sans danger (p.94). […] Quoique le fort de Knin soit très-élevé et juché au haut d’une montagne, où il a l’air d’un nid d’hirondelle, la vue y est ce pendant bornée par une chaîne de monts encore plus élevée, et dont la couleur sombre et grisâtre en rend l’aspect assez triste et monotone. Le vallon creusé au-dessous présente plus de variété, mais il est rendu très-mal sain par la quantité des eaux qui y croupissent” (p.97).