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Imago Dalmatiae. Itinerari di viaggio dal Medioevo al Novecento

Zara

"Zara na quune porte de terre, par laquelle nous entrâmes, et que je ne mattendais pas à voir décorée dun style darchitecture ; mais aussi cest à peu près là tout ce que cette ville renferme en ce genre. (p. 48) [...]. Zara n'était connue jadis que par ses marasquins : depuis que l'on connaît mieux la ville, cette liqueur a beaucoup perdu de son mérite. On s'est apperçu que tout est acheté aux armes, bon et mauvais, et l'on s'est arrangé en conséquence. Cette place qui s'avance sur la mer, dont elle est presqu'entièrement environnée, n'a guères plus qu'une petite mille de circuit et n'est rien moins que jolie, quoiqu'elle passe pour la capitale de la Dalmatie, et qu'elle ait été érigée en métropole par Adrien IV, l'an 1154 de notre salut, ainsi que j'ai eu l'honneur de la lire dans un vieux bouquin, infiniment érudit, intitulé Sede generale delle cattedrali : elle a, au reste, une situation importante pour la Dalmatie qu'elle défend par terre et par mer. Ses fortifications, qui étaient déjà en bon état, ont été perfectionnées au commencement de la dernière guerre avec l'Autriche. On a élevé de nouveaux cavaliers et garni les remparts de nombreuses batteries auxquelles les anglais nont jamais jugé à propos de se frotter. Le port, la citadelle, l'arsenal et les magasins peuvent être visités, si l'on n'a rien de mieux à faire ; mais tout cela doit paraître bien peu de chose quand on se souvient de Marseille, d'Alexandrie, de Gênes et de Nâples. Dans l'intérieur de la ville il n'y a absolument rien à voir que deux ou trois rues assez longues mais fort étroites et mal pavées, beaucoup de ruelles sâles et obscures, des maisons plus ou moins mal bâties et une assez jolie place, aussi grande quun de nos sallons, garnie de nombreux cafés: seule et chétive ressource dune garnison désœuvrée. On en chercherait d'autres inutilement. (…). Si l'on se promène hors de la ville, on ne rencontre que des rochers tout nuds ; pas une seule allée, pas un seul arbre qui puisse garantir le promeneur des rayons cuisans de ce climat. Point de bibliothèque publique dans la ville, point de livres ou du moins pas assez. Le lycée, le cabinet littéraire, le museum, lejardin botanique etc. ne sont qu'à leur commencement, et à peine peut-on appeler cet état, un état de commencement" (pp. 88-89).